dilluns, d’octubre 08, 2012

SO FOOT (08/10/2012)

La grande affaire du Clásico ce soir, c’est la senyera. Quatre bandes rouges et cinq bandes jaunes : ce dimanche soir, le Camp Nou porte pour la première fois les uniques couleurs de la Catalogne. Le bleu a disparu, mais Artur Mas, le président de la Catalogne qui se saoule d’indépendance, lui, est bien là dans les tribunes. Le public chante a capela le Cant del Barça. Deux fois de suite. « Les Clásicos à Barcelone sont toujours plus chauds », raconte Schuster (qui a vécu des deux côtés de la barrière). Ces matchs-là sont toujours plus tendus parce que le loup est dans la bergerie. Et les brebis ont beau joué les bêtes sauvages, il n’y a que le troupeau pour les protéger. Le Real du line-up sort sans Modrić, mais avec Özil. Le Barça est vertigineux devant (Messi, Fàbregas, Pedro, Iniesta), mais expérimental en défense. C’est Adriano qui dépanne en charnière aux côtés de Mascherano. Gare aux fuites. Faux rythme et vrai nul La première mi-temps démarre réellement quand, à 17 minutes et 14 secondes, le Camp Nou crie « Indépendance ». 1714, comme la date de la chute de Barcelone dans les mains de la couronne d’Espagne. La Catalogne ne sera plus jamais indépendante après cette date. Mais Cristiano Ronaldo s’en fout, il a une nouvelle coupe ce soir. Ramos aurait pu ouvrir le score sur corner (18e) mais, à la 22e, c’est CR7 qui inaugure sa virgule dans les cheveux sur le côté droit de Valdés et plante. 1-0. Le Barça peine à être dangereux : aucun ballon dans la profondeur, aucune vitesse aux alentours des 30 mètres. En échange, le Real presse très haut, force Valdés à dégager très loin et donc à perdre le ballon rapidement. Valdano explique que « le Real a trois idées ce soir, mais les applique à fond » : presser, récupérer, marquer. Soit la devise inscrite sur le portail de la maison Mourinho. Benzema vendange son deuxième ballon de la soirée (24’) et frappe en tombant pour le Real (après une fausse vraie reprise seul au deuxième poteau à la 12e). Omar Da Fonseca vend la moto, mais Benzema, ce soir, fait du Higuaín en configuration grand match. C'est-à-dire des appels, des frappes et, au mieux, des poteaux. La Catalogne frôle la dépression quand Alvés s’effondre. Les Blaugrana n’ont plus aucun défenseur de métier sur la pelouse. Il y a un livre à écrire sur le signe indien qui s’acharne sur la muraille catalane. Mais ce n’est pas le moment, alors Montoya, le gamin de la Cantera, entre. À mesure que les coudes se retournent, que les chevilles dévissent ou que les muscles craquent, les illusions défensives barcelonaises donnent sur la cour. Sans défense centrale, les latéraux ne prennent aucun risque, donc le milieu du Barça se grippe, donc le ballon tourne sans cause. Pourtant, les dieux doivent être indépendantistes. En voulant faire peur à Xavi sur un ballon qui traîne dans la surface, le ballon rebondit sur la hanche de Pepe et tombe dans les pieds de Messi. 30’, 1-1. Le match se dégonfle. « Le match a tenu toutes ses promesses », dit-on dans le poste. Ça dépend lesquelles. Double doublé En début de seconde, le Barça joue avec le frein à main. Ce faux rythme profite au Real, bien content d’avoir le temps de faire des petites fautes, de mettre des petites claques et de s’installer dans la moitié catalane. Madrid occupe Barcelone. Du coup, Tito lâche les chevaux et sort la botte secrète : Messi et sa conduite de balle (46e). Devant l’apathie des latéraux barcelonais et le pressing miliaire de Khedira, Alonso et Di María, l’équipe locale essaie ses ailiers. Mais Pedro n’a personne dans son dos pour dédoubler (48’). Heureusement qu’il y a Pepe pour mettre l’ambiance ce soir. 51e, Iniesta tombe à l’entrée de la surface, au ralenti il y a bien faute du Portugais, mais après l’heure, bah ce n’est plus l’heure, et l’arbitre siffle… corner. Il paraît qu’il y avait aussi faute en première mi-temps sur Özil dans la surface. À défaut de justice, on a donc de l’équité. Mais, au Barça, il y a Messi. Leo plante son 16e but dans un Clásico, son 100e but au Camp Nou en (presque) lucarne sur un coup franc des 25 mètres de Casillas. « Jamais dans ma vie, je n’ai vu un joueur gagner autant de matchs tout seul », dit Valdano, un type qui a été champion du monde avec Diego. CR7 a trouvé ce qu’il va faire pour répondre : un ciseau à 15 mètres du but de Valdés. Résultat : une épaule en moins. Benzema est remplacé par le vrai Higuaín et Fàbregas par Sánchez. CR7 a mal à l’épaule gauche, mais il en faut plus pour freiner l’éphèbe. Özil dans l’espace et CR7 met son doublé. Une épaule en moins, mais un but en plus. 2-2 et doublé de chaque côté. Question : en cas de hat trick des deux stars, qui ramène le ballon ? Asesino Le dernier quart d’heure devient incontrôlable. Pepe calme Casillas qui a la tête du type qui a envie d’en coller une à son défenseur central. Le Camp Nou chante « Asesino » après deux fautes successives du grand chauve avec des chaussures noires. Le Real cherche des espaces dans le dos de la défense azulgrana. Özil sort la tête haute et Kaká le remplace (80’). Le match est une succession de fautes proches des surfaces et de contres enragés. Il y a 22 morts sur le terrain, alors il peut se passer n’importe quoi. Pour stabiliser l’affaire, le Mou fait entrer Essien pour Di María et place son trivote. Sauf que ça énerve tout le monde, et le Barça sort une combinaison de 10 passes dans un demi-mètre. L’action termine dans les bottes de Montoya et sur la barre de Casillas. Ronaldo ne peut plus respirer ni saluer personne tellement il a mal en partant du stade. L’arbitre met fin au combat. Au coup de sifflet, rien n'a changé : la Catalogne, c’est toujours l’Espagne, et le Clásico, c’est toujours aussi fou. Par Thibaud Leplat