divendres, de març 16, 2012

ARTICLE SOBRE L'ENFRONTAMENT ENTRE FRANÇA I TURQUIA A PROPÒSIT DEL GENOCIDI ARMENI (publicat a LE MONDE el 23 de desembre de 2011)

C’est ce qui s’est passé en 2011, lorsque l’Assemblée a tranché un vieux débat en reconnaissant l’existence d’un “génocide arménien”. Plus d’1,5 million de morts selon les associations arméniennes et beaucoup d’historiens, à l’issue d’une volonté systématique et planifiée de les exterminer. Un drame contesté par les différents gouvernements turcs. La version turque officielle étant de concéder 500 000 morts, attribués aux aléas de la première guerre mondiale. Les “aléas” ont bon dos. Il est évident que le climat de la première guerre mondiale ne suffit pas àexpliquer l’extermination de presque deux tiers des Arméniens. Même s’il appartient aux historiens d’établir le nombre exact de morts, et surtout le degré de responsabilité des futurs cadres de la République turque. C’est bien ce “péché originel”, associé au nationalisme turc, qui rend leur tâche si difficile. Les réactions à la proposition de loi française le démontrent : la Turquie est loin de porter un regard apaisé sur son histoire fondatrice. Qu’il soit islamiste ou laïque, aucun gouvernement n’hésite à brandir le drapeau nationaliste sitôt que l’on prononce le mot “génocide”.

>> Lire l’article La Turquie accuse la France d’avoir commis un génocide en Algérie

Le fait que ce jugement émane d’un autre Parlement n’est pas de nature à calmercette fièvre, bien au contraire. Mais comment faire lorsqu’un gouvernement s’acharne à nier un crime commis il y a presque cent ans. Alors que les faits semblent bel et bien correspondre à la notion de “génocide” adoptée par l’Organisation des Nations unies en 1948 ? Sans doute est-ce à la justice internationale de proclamer si l’épuration ethnique visant les Arméniens relève du “génocide”. Encore faut-il que la Turquie l’accepte ! Cela permettrait au droit français de pénaliser la négation de crimes reconnus par la communauté internationale, sans avoir à écrire l’histoire de sa propre initiative. Ni à se brouilleravec un autre pays.

DISSOCIER

En attendant, notre droit prévoit déjà de pénaliser la négation du génocide juif commis sous la seconde guerre mondiale. Il est donc difficile de ne pas l’étendreau génocide arménien reconnu par notre Assemblée… Même si cette extension sort des frontières de notre histoire et va devoir entraîner une certaine clarification :dissocier ce qui relève du débat de bonne foi, entre historiens, pour établir la réalité des faits, et ce qui relève de la négation à des fins de propagande haineuse. Les tribunaux ne sont pas au bout de leurs peines.

Quant au gouvernement turc, on lui proposerait bien un marché. Puisque la France envisage de sanctionner ceux qui nient le génocide arménien sur son sol, pourquoi le gouvernement turc ne voterait-il pas une loi pour sanctionner ceux – très nombreux – qui nient le génocide juif (aidé par la police française) sur son sol ? Voilà qui serait plus équilibré, et sans doute très utile.