diumenge, de març 25, 2012

ILS SONT TOMBÉS, poema de Charles Aznavour

Ils sont tombés sans trop savoir pourquoi. Hommes, femmes et enfants qui ne voulaient que vivre. Avec des gestes lourds comme des hommes ivres mutilés, massacrés les yeux ouverts d'effroi ils sont tombés en invoquant leur Dieu Au seuil de leur église ou le pas de leur porte. En troupeaux de désert titubant en cohorte terrassés par la soif, la faim, le fer, le feu. Nul n'éleva la voix dans un monde euphorique tandis que croupissait un peuple dans son sang. L' Europe découvrait le jazz et sa musique. Les plaintes de trompettes couvraient les cris d'enfants. Ils sont tombés pudiquement sans bruit par milliers, par millions, sans que le monde bouge, devenant un instant minuscules fleurs rouges recouverts par un vent de sable et puis d'oubli. Ils sont tombés les yeux pleins de soleil comme un oiseau qu'en vol une balle fracasse pour mourir n'importe où et sans laisser de traces. Ignorés, oubliés dans leur dernier sommeil. Ils sont tombés en croyant ingénus que leurs enfants pourraient continuer leur enfance qu'un jour ils fouleraient des terres d'espérance dans des pays ouverts d'hommes aux mains tendues. Moi je suis de ce peuple qui dort sans sépulture qu'a choisi de mourir sans abdiquer sa foi qui n'a jamais baissé la tête sous l'injure qui survit malgré tout et qui ne se plaint pas. Ils sont tombés pour entrer dans la nuit éternelle des temps au bout de leur courage. La mort les a frappés sans demander leur âge Puisqu'ils étaient fautifs d'être enfants d'Arménie. Paroles: Charles Aznavour. Musique: Georges Garvarentz